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Du pain et des jeux (de maux)

Un drôle, qui croyait que le langage en dit toujours plus que ce qu’il dit, se leva gravement pour prononcer ces mots : « l’épi des mies » est un retour du pain au blé d’antan. Il faut toujours se rendre à l’origine pour s’acquitter de ce que nous lui devons. Cette poussée de la vie contre la non-vie est une tentative quasi divine d’exister dont nous sommes le flambeau provisoire. Et il arrive que l’épi ait de beaux jours devant lui. Cela ne l’empêche pas de finir dans une baguette relativement cadavérique. On ne mange que des vies mortes. S’agissant de l’Homme, il est difficile d’en faire un fromage, si ce n’est, quand il est mort, un tombeau dont la croûte brille au soleil. »

Ce drôle qui se prenait pour Jésus Christ ajouta : « Reportez-vous à mes évangiles » ; et de citer : « Et mourir » chez L’Harmattan et « A tombeau ouvert » chez Unicité.

Un philosophe qui passait par là se met à penser qu’il faut prendre au sérieux cet élucubration de poète.

« Les jeux du langage, dit-il, qui ne sont guère plus innocents que l’Homme lui-même, nous conduisent à faire d’une destruction notre pain quotidien, symbole plus ou moins chrétien du partage. Quand la solitude s’abat sur les miettes d’un pauvre peuple, l’épidémie – pour l’appeler par son nom – « circule ». Elle remet en mouvement les personnes qui s’endormaient, chacune dans son lit, comme dans le pain d’une baguette en forme populaire de phallus bien cuit. Une communion de la peur leur est donnée par les prêtres d’une République tutélaire. La mort enfin revient prendre sa place dans des vies remplies d’images, d’idées, comme d’objets en tous genres dont l’ensemble n’est pas sans ressembler à une décharge si bien nommée qu’elle n’est pas sans faire autour de la Planète une couronne d’épines. Faut-il donc que nous nous déchargions de nos fautes sur le Monde qui nous a faits ? C’est un règlement de compte en forme de sacrifice, et voilà la Mort au bout du rêve d’éternité.

Si bien que l’épidémie en question se charge de tout, comme les Pompes funèbres. Elle remet le consommateur humain devant son immaturité métaphysique. Il s’agit de regarder la vie comme une passoire. L’épi moulu se fait farine et pain mort mais nourrissant. La Mort maltraitée prend sa revanche. Elle est au bout de la rue, et même à la fenêtre ; elle pend au nez du moindre visage et elle sourit comme du pain frais.

Ce qu’il y a de christique dans l’opération revient à reprendre la vie dans le sens annoncé de sa longueur non pas temporelle mais existentielle, de cordon ombilical ou flûte traversière en mal de rupture. Une vie coupable se coupe par cet effet de renversement qui fait que la Mort même et le pain sont notre nourriture dite de base (le fameux panier de la ménagère). N’en déplaise en effet aux partisans de « la vie à tout prix », notre époque en appelle à la Mort, et d’ailleurs, n’en fait-elle pas l’un des thèmes privilégiés de son cinéma ? Ce besoin de Mort est aujourd’hui au fond de la peur le virus le plus intime d’une épidémie prétexte. Il est aussi l’appel à la guerre qu’annonce une violence endémique, cette solution qu’on n’ose appeler « finale », mais qui, à tout le moins, saura donner corps à la destruction sacrificielle de la matière dont nous rêvons malgré nous comme d’un bénéfice supposé de l’âme.

Comment donc renouer avec l’épi, qui, comme l’épée, est une « pointe », sans tomber dans la barbarie ? Le point du jour, à la naissance pointue de la vie, garde sa nuit en réserve. Noël et le massacre des Saints Innocents sont les deux faces d’une même médaille : comment se convertir à la réalité d’un partage de la Vie avec la Mort qui ne se raccroche pas aux guérisons passagères ou éternelles ? Comment se contenter, comme le bon vieux blé, de servir le dieu-pain modeste et capital, en se faisant moudre jusqu’à la moëlle ? Faudrait-il en revenir à la guerre pour ré apprendre le prix de la nourriture et tous ces morts qui nous portent à bout de bras ? Et, aimer la vie, pour ce qu’elle vaut d’incertitude et, par là même, de génie véritablement créateur, comme il arriva pour Homère et son peuple. A l’heure des automatismes, le risque de vivre, objet de fascination légendaire, vaut bien qu’on lui abandonne notre médiocrité de petit maître. Les héros ne sont ni des gagneurs ni des victimes. Ils sont le blé modeste. Si ce que nous appelons notre culture tient à autre chose qu’au remplissage d’outres vides, nous le devons à ceux et celles qui jouent leur vie sur ce que, faute de mieux, nous appelons nos valeurs : ce qui nous vaut de mourir comme un épi de blé mûr !

Il faudrait donc que l’épidémie nous apprenne autre chose que la peur de mourir ; qu’elle remette en scène la dramaturgie de toute vie et nous dispense d’y ajouter l’abaissement du sacrifice que constitue sans le dire le désir absolu de sécurité. Car nous n’avons rien à sacrifier de ce que nous appelions autrefois « l’honneur ». Ainsi, notre liberté doit elle être défendue comme consubstantielle à notre dignité. Le prétexte du danger que, dans une épidémie, chaque citoyen fait courir aux autres, est à mettre au compte d’une tentative détournée d’accusation du Mal et du malheur, comme d’un assassinat en bonne et due forme. Le sacrifice du bouc émissaire ne sert qu’à fabriquer de la fausse innocence. On pourrait aussi bien brûler les parents indignes pour conjurer l’épidémie de violence qui sévit dans une partie de la jeunesse. Le coût des accusations, quand elles ne portent pas sur une véritable intention de nuire, est plus élevé que celui de l’épidémie, comme d’ailleurs on l’a déjà vu au temps de la guerre elle-même : opposer les apôtres supposés du Bien à ceux du Mal, c’est l’Inquisition évoquée par Dostoïeski, Dieu a bon dos !

Or, la Vie n’est pas ce dieu là. La Vie est une tentative, comme toute création, Essai divin si l’on veut. Les machines fonctionnent selon leurs propres règles. Les humains tentent d’opposer à ce fonctionnement le rêve indiscipliné de ceux qui ont conscience de braver l’ordre établi. Ils entrent d’ores et déjà dans ce qu’on pourrait appeler « l’autre monde ». La porte de la Mort, ne faut-il pas qu’elle soit ouverte ? Il se peut que nos lointains devanciers aient appris à côtoyer ce mystère en chassant pour manger, comme si la Mort devait être partagée pour garder sa place dans la Vie. Notre maîtrise du Monde par la Science et les technologies, sans compter les « bons sentiments », nous a sans doute fait perdre pour un moment les acquis d’une exploration plus réaliste. Dans une telle lecture, l’épidémie aurait une portée symbolique plus éclairante (que le décompte bureaucratique quotidien de ses victimes). La connaissance (par ailleurs toute relative) des éléments qui la composent comme de leur maîtrise (vaccins, traitements) n’occupe le devant de la scène que pour masquer la pensée désarmée de l’homme post-moderne devant la Mort. Par là même, l’ensemble des réactions (officielles ou non) n’est-il pas constitutif lui-même de l’épidémie entendue aussi comme un phénomène socio politique et culturel.

L’épidémie est donc une épreuve pour la démocratie. Comme une guerre – mais, à coup sûr, de façon plus modeste – elle conduit à revisiter la condition humaine et les fondements des valeurs qui semblent politiquement lui permettre de s’assumer. De ce point de vue, l’épidémie force dans ses retranchements l’ordre établi. Elle renvoie la pensée à ses exigences quand les automatismes – tel celui de la consommation, au sens le plus large – prennent le pas sur l’analyse critique.

Le pain est une figure culturelle de notre lien à la Nature. Sa fonction nutritive procède d’une transformation qui passe par la destruction. Il nous éclaire sur notre rapport à nous-même. Ne vivons-nous pas de tous les morts qui nous ont fait et continuent de nous faire ? C’est aussi bien de nous projeter dans notre fin que nous tirons notre force la plus créative. Il vaudrait mieux que la peur de la Mort cède la place à un affrontement somme toute banal, et qui, moins obsédé par la défaite, se donne l’occasion de vaincre en soi ce qui nous tue avant l’heure sous le prétexte de nous sauver. »

Le poète, ayant écouté incognito le philosophe de service, dit : « les mots valent toujours mieux que la pensée si on les libère de leurs chaînes. C’est comme les hommes. Les sources cachées parlent de ce que ne disent pas les fleuves. La Vie est une source qui s’en va rejoindre la mer. « Ô saisons, Ô châteaux ». Les Pyramides bâties par des esclaves sont les phantasmes de toute-puissance dont Microsoft et les autres se font sur le dos des suiveurs un paradis de « fortune », ce mot au double sens. Et s’il fallait prendre nos monuments – fût-ce certaines de nos idées – pour des trompe-la-mort comme tant de discours ? La source n’en demande pas tant. Son murmure nous la rend si proche que la mer au loin lui revient comme la terre elle-même, car elle sait que le Monde est un tout. »

Le poète ayant dit ces mots s’éleva dans le ciel en fumée. C’était son feu qui le poussait jusqu’aux étoiles.

Jean-Pierre Bigeault,
15 janvier 2022

De quelle « merde » S’agit-il ?

Que le Président de la République distribue sa « merde » à qui le voudra, qu’un certain nombre de français trouvent cela justifié, ou en tout cas compréhensible, voire excusable, voilà donc bien l’image de la France, excrémentielle, et, sans même se l’avouer, anti républicaine.

Car les « non-vaccinés », qu’on en pense ce qu’on voudra, sont des citoyens comme les autres. Jusqu’à preuve du contraire, ils ont le droit de refuser le vaccin, y compris au nom de la morale appelée à la rescousse par les sermonneurs de service.1

Quant au Complotisme – à quoi l’on cherche à réduire la position des anti vaccins – à qui fera-t-on croitre que les scandales récurrents n’auront pas justifié cette méfiance à l’égard de produits pharmaceutiques qui, pour avoir fait la fortune de certains, n’en ont pas moins envoyé la mort un certain nombre de patients. Quand des personnels médicaux refusent eux-mêmes de se faire vacciner, on peut tout de même se poser des questions !

Le mépris du Président de la République pour les anti vaccins s’inscrit lui-même dans une attitude et des propos qui visent, depuis le début de son quinquennat, tous ceux qui, à ses yeux, ne sont que des « gens de rien ». De quelle République s’agit-il donc ? Au temps de Pétain, sous le gouvernement de Vichy, Juifs et Communistes et bien évidemment Résistants, étaient assimilés à des « traîtres ». N’est-ce pas à cette même place que le Président de notre République met aujourd’hui les antivax ?

Quant un pays ou un gouvernement est confronté à la Défaite, il lui faut des coupables. Il rejette sa propre « merde » sur une catégorie de pestiférés désignée. Voilà où nous en sommes.

Les gros mots d’un homme qui, de par ce qu’il représente, devrait, non seulement inspirer le respect mais le pratiquer lui-même, en disent plus long que tous les discours.

Et s’il s’agit d’une « tactique » politicienne, si les coups bas les plus abjects en font partie, qu’on sache que le Pays – malade bien au-delà du covid – y perdra son âme !

Devant cet « abaissement » politico moral, faut-il rappeler que, si l’exemple de dignité doit venir d’En Haut, la formation citoyenne à la responsabilité2 reste un domaine de l’éducation républicaine dite nationale.

A quand cette réforme fondamentale ?

Jean-Pierre Bigeault,
9 janvier 2022


1 Au nom de la morale, combien d ‘autres citoyens, parfois même « décorés » par la République, ne devraient-ils pas être poursuivis pour « mise en danger de la vie d’autrui » ?

2 Un avocat me fait remarquer que la responsabilité même de nos représentants n’est pas sans poser problème : en effet, sur 577 députés, 334 seulement étaient présents à l’Assemblée, qui ont voté pour ou contre, ou se sont abstenus, concernant la loi portant sur le pass vaccinal. Ne peut-on légitimement s’étonner que 243 députés étaient absents !?

Du foie gras, Coqs en pâtes et autres  « dindons de la farce »

A l’époque du foie gras, notre pensée pour les braves oies du Capitole n’est sans doute pas innocente. Une fois perdus, les anges – qui les ont remplacées pendant quelques siècles – nous revenons à elles, à l’heure des périls.

La juste cause animalière, si elle règle son compte à notre bon Descartes, pourrait bien dire l’angoisse qui nous assaille de nous voir transformés nous-mêmes en « animaux-machines ». Car l’homme de notre post-modernité a du souci à se faire pour lui-même, le dindon de la farce. Déjà livré aux mécanismes du Marché et de la Communication (sans parler de la technocratie galopante), il pressent que l’eugénisme nazi n’aura été qu’une tentative partielle de chosifier en déchet des prétendus sous-hommes assimilés à la vermine. Est-il besoin en effet d’être complotiste pour apercevoir la transformation des peuples en assez morne clientèle ? Oubliées en partie, les abominations de la « Solution finale » travaillent ainsi dans les couloirs de la pensée. Les signes bien enveloppés d’un retour à la Barbarie y frappent à la porte de la conscience. Il n’est pas jusqu’au principe de « l’homme augmenté », qui, derrière la fascination, n’alimente une angoisse séculaire : que cachent les transformations promises, le fameux Progrès ?

C’est alors que semble s’imposer le retour imaginaire à la chère communauté animale, celle du temps béni de Noé. L’Arche, déjà sacrée, vieux jardin paradisiaque, se lève devant la « dénaturation » de l’animal humain.

Il s’agit donc en tout cas de « sauver l’Homme ». Et quant à ce brave animal – dont ceux qui en font l’élevage savent mieux que personne ce que nous avons en commun – on se souviendra que, s’il fut heureusement substitué à Isaac au temps d’Abraham, ce n’est sans doute pas par hasard. Devenu « l’Agneau divin » dans une Culture explicite ou implicite de la Rédemption, il est encore le messie ambigü d’un retour plus ou moins festif à la « Terre-mère ».

Il n’est donc pas dit que les animaux mangés par l’homme ne survivent pas au massacre organisé de la destruction planétaire. La communion n’a pas besoin d’être officiellement mystique pour réinsérer l’homme dans une chaîne alimentaire qui le protège du cannibalisme. Car, qui veut faire l’ange, fait la bête ! Notre retour à la nature ne relève pas seulement d’une « écologie pour les nuls ». Il exige de notre pensée un effort de modestie et d’ouverture, une capacité d’accéder au partage que pratiquent certains chasseurs, moins haineux que bien des redresseurs de torts. La viande – mot qui désigne étymologiquement « ce qui sert la vie » – confère au charnel une proximité religieuse avec l’âme que nos conquêtes technologiques les plus propres auront du mal à produire. Il n’est d’ailleurs pas dit que la guerre hautement technologique qui nous arrive mette un terme à la violence que l’homme nourrit contre lui-même. Et qu’on cesse de gaver les oies – comme on serait bien inspiré de le faire pour une partie « avide » de l’Humanité – n’en laisse pas moins pendante la grande question humaine : comment aimer la vie avec sa mort, sans faire payer aux plus faibles le prix de notre angoisse ?

A l’heure où une partie significative de l’humanité souffre de bien des violences – dont la malnutrition – la cause animale ne saurait tenir lieu de substitut à la cause humaine, laquelle devrait aussi bien nous rappeler que « l’homme est « d’abord » un loup pour l’homme ».

Jean-Pierre Bigeault,
27 décembre 2021

À tombeau ouvert

À l’occasion de la parution de son livre « À tombeau ouvert », Jean-Pierre BIGEAULT a réuni Marie-Christine DAVID-BIGEAULT et Benoît MARÉCHAL pour lire des extraits de ces nouvelles qui associent la gravité et la légèreté autour du thème de la mort.

Vidéo Dominique Morlotti

 « Ainsi avait retenti, par-delà le chant des automatismes, le cri de l’espace, cri joyeux d’une hauteur terrestre piquetant le ciel.

Son cœur d’aviateur avait bondi. Avait-il donc choisi ce métier pour lais- ser derrière lui ce qu’il devait perdre ? Mais quoi ? Il n’aurait su le situer sur la carte embrouillée de son histoire.

C’est en tous cas l’Himalaya aperçu au loin qui, tel un père évidemment céleste, avait esquissé à son intention le geste de la promesse. Des années que, tâtonnant dans sa nuit, il attendait le lever de ce jour...

Il allait amorcer la descente. Il apercevait déjà les contours de la ville, tache d’ombre flottante et sa nappe d’eau sale. C’est ainsi qu’il voit Bang- kok, à ses yeux, cité maudite. N’est-ce pas le choc frontal de sa vie : pureté rude en son élan de montagne à demi-divine et chute nauséeuse de l’homme en son marais ? »

Extrait de la nouvelle L’aviateur

Editions Unicité - décembre 2021

De l’inceste comme « produit culturel » …

Il fallait bien que l’inceste se vendît au marché des livres.

L’agneau, embroché dans une cheminée qui tire, reste un plat sans façon et qui s’offre au partage. Il se mange chaud ou froid. C’est la vengeance de l’innocence !

Car on est dans une époque qui redécouvre la Nature et se remet à l’aimer. Le sexe, même tordu, c’est comme un arbre : on se réfugie sous son feuillage. Et de tous les côtés, on se tourne vers le Bien qui, comme l’Argent, finit toujours par briller dans les poches des innocents aux mains pleines. Une vérité qui rapporte vaut toujours mieux qu’un mensonge qui coûte. Entre les bons et les méchants, si le compte est bon, les affaires ont la prospérité qu’elles méritent. L’inceste est un produit tout de même plus rare que l’amour. Il faut en profiter avant que, comme le pétrole, il ne retombe dans le puits sec des familles. Quant aux abuseurs de service, ils ont de beaux jours devant eux : leurs victimes les plus malignes en auront fait de ces chevaliers d’industrie dont, une fois repris, les fonds de commerce font encore recette.

C’est que l’inceste, qui ajoute à l’agression sexuelle la violence d’un pouvoir fondé sur la confiance, n’est pas un crime comme les autres. Il enferme les victimes dans une prison dont les portes une fois ouvertes, on risque d’offrir aux visiteurs le même tourisme de complicité qui fait du Mal un objet culturel parmi d’autres. Les pires blessures relèvent de soins certainement plus intimes. Leur réparation fait appel à un autre traitement que la violence dont le crime fut déjà l’instrument ambigu.

Le succès de l’inceste en « littérature » met à jour les contradictions d’une époque qui offre au désir pervers ce qu’elle s’enorgueilli de dénoncer comme des atteintes à la personne.

Mais c’est que la vertu se vend mal !

Jean-Pierre Bigeault,
1er novembre 2021

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