Ô morts privés d’amour

Ô morts privés d’amour

Par une Science imbécile

Et les petits chefs de gare

D’un pays qui déraille.

Nous pensons à vous

Figures de la relégation des cœurs

Quand l’Homme n’est plus

Que cette menace à lui-même

Loup pelé

Qui se mange le corps.

Frères humains devenus choses

Parmi les choses

La loi des chiffres pervers

Vous a coupés de votre vie

Et vous êtes nos visages.

Frères votre mise à mort

Loin des vôtres

Dit le confinement de nos esprits

Par la peur

Quand la liberté devient dangereuse

Le masque des sauveurs

Fait grimacer la démocratie.

Ô morts déportés de l’amour

Pour le camp des Déchets

Vous nous montrez notre désert

Une société s’y bat

Pour consommer sa vie.

Quelle écologie de la plénitude humaine

Sera-t-elle au programme

De nos chères écoles

Et de la triste administration

Qui nous gouverne ?

Car nos morts abandonnés

Préfigurent notre destin

Et nous demandent

De rendre à l’Homme

Ce qui le fait Homme.

Jean-Pierre Bigeault
Le 28 mai 2020